(4/8) De la vigne à la géologie, histoire de sols

Septembre 2016 • par Edith PLATELET, géologue, agrégée de l’Université

Chronique géologique4/8 - Constitution du sous sol

Lire la chronique précédente, (3/8) Des plages des Maures aux multiples « trésors »

Le sujet peut étonner dans une rubrique géologique… Et pourtant, les amateurs de « bons vins » motivés en cette saison des vendanges recherchent certains domaines produisant le vin qu’ils apprécient. Outre les cépages sélectionnés par les viticulteurs et leurs pratiques, le sol sur lequel pousse la vigne a son importance et la géologie entre en jeu…

Qu’appelle-t-on Sol ? on parle familièrement de terre, mais celle-ci peut n’être simplement qu’un niveau du sol. En effet, celui-ci est constitué souvent de plusieurs couches distinctes appelées « horizons » ayant chacun des caractéristiques de couleur, de composition, d’épaisseur, etc. L’étude des sols, appelée pédologie, est parmi tant d’autres, une discipline de la Géologie.

Le sol repose sur le sous-sol constitué de roches. Il est l’interface entre la surface couverte de végétation naturelle ou de cultures, et les roches présentes en dessous. Ses caractéristiques dépendent étroitement de cette végétation d’une part, de la nature des roches, et du climat.

E. PLATELET
Sols blanchâtres sur les granites du Plan-de-la-Tour.
E. PLATELET
Sols rougeâtres sur les roches de la plaine des Maures.
E. PLATELET
La ligne rose montre l’épaisseur du sol, avec au-dessous la roche : schistes cristallins altérés. Il faudrait creuser bien davantage pour retrouver la zone saine.

Les données biologiques et climatiques interviennent dans la destruction et altération chimique des roches du sous-sol. Le sol représente une véritable usine chimique. Les éléments chimiques présents proviennent à la fois de la décomposition de la matière végétale et de l’altération chimique de la roche sous-jacente. Ils peuvent se recombiner pour donner de nouveaux composés. Ces éléments présents sont sélectionnés et absorbés par la végétation. Pour revenir à la vigne, selon la roche du secteur, elle aura à sa disposition des éléments chimiques différents en plus ou moins grande quantité (exemple : calcium, azote, phosphore, oligoéléments…). L’emploi d’engrais naturels ou chimiques ne fait que modifier l’apport minéral à la vigne et interfère dans sa croissance si certains éléments sont naturellement déficitaires. Les variétés de vignes n’ont pas les mêmes exigences, d’où une sélection des cépages en fonction du terroir. L’eau du sol dissout des éléments chimiques qui pénètrent par les racines, ils sont utilisés au cours des réactions chimiques physiologiques du végétal, produisant par exemple des composés aromatiques. Et voilà comment la géologie du sous-sol intervient discrètement.

Les sols sont classés selon divers critères. Sans entrer dans le détail, d’un simple regard, le néophyte peut constater diverses couleurs à la surface, mais aussi pour les horizons d’épaisseur variable quand ceux-ci apparaissent, selon la roche du sous-sol. Ainsi, dans l’espace du massif des Maures et à proximité, chacun peut reconnaitre des sols blanchâtres sur les granites du Plan-de-la-Tour, des sols rougeâtres sur les roches de la plaine des Maures, des sols grisâtres sur les schistes cristallins des Maures occidentales. D’autres distinctions apparaissent çà et là… le tout en nuances… comme le caractère du vin !

Lire la chronique suivante, (5/8) La pierre et les roches : un chemin vers l’Homme et la Géologie

E. PLATELET
Sols grisâtres sur les schistes cristallins des Maures occidentales.