(5/8) La pierre et les roches : un chemin vers l’Homme et la Géologie
Octobre 2016 • par Edith PLATELET, géologue, agrégée de l’Université
Lire chronique précédente, (4/8) De la vigne à la géologie, histoire de sols
La pierre
Un matériau solide, compact, affleurant naturellement à la surface ou trouvé en profondeur dans ce qui est le sous-sol (voir chronique précédente). Elle présente de multiples aspects, dont la couleur, la structure. On l’oppose aux matériaux meubles tels le sable, l’argile. Des pierres de petite dimension, appelées cailloux, galets, ont pu être façonnées par les agents d’érosion : précipitations, cours d’eau, glaciers, vent.
La pierre a toujours pris une place essentielle dans la vie du genre humain. Ainsi la Préhistoire a longtemps utilisé les termes d’ « âge de la pierre taillée » (Paléolithique), « âge de la pierre polie » (Néolithique), « âge des métaux » … pour définir des étapes de développement des civilisations humaines successives depuis des Homo ancestraux jusqu’à notre espèce : Homo sapiens. L’homme a non seulement fait une sélection de la pierre, mais, à un moment donné, il a su extraire des constituants présents, et fabriquer du métal.
Les roches
Vint le temps des sciences… Au 17e siècle, on s’intéresse à tous les constituants de notre monde et les roches devinrent objet d’études. La connaissance des roches se confond alors avec celle des minéraux et avec tout ce qui concerne ce qu’on nomme à ce moment là : Géologie.
Les roches et minéraux sont étudiés en fonction des caractères visibles à l’œil nu. Une roche est constituée d’un ou plusieurs minéraux dont l’assemblage est lié aux conditions de formation. On commence à les classer. Il est à noter que des roches peuvent être combustibles (charbons, pétrole) et, dans ce dernier exemple, ne pas être solides : hydrocarbures, etc.
Avec l’utilisation des microscopes qui apparaissent au début du 19e siècle, dont le microscope polarisant, puis de microsondes et le développement de la chimie, la connaissance des roches se précise. Un ouvrage faisant référence pour l’essentiel des connaissances du moment est publié en 1888 : Les minéraux des roches par Alfred LACROIX (1863-1948) et Auguste MICHEL-LEVY. Néanmoins il s’agit toujours essentiellement de descriptifs dans le but d’identification. La discipline est appelée : petrographie (description de la pierre).
L’évolution progressive des connaissances, à propos des mécanismes physiques, chimiques et biologiques à l’origine de la formation et de la transformation des roches appelle un changement de terme : petrologie signifie alors une étude de la roche et non de sa seule description….
Les roches, archives de l’histoire de la Terre
Le but ultime, en Géologie actuelle, n’est plus de nommer des roches (ce qui est encore envisagé par certaines personnes), mais est beaucoup plus ambitieux. Les technologies actuelles et les progrès dans les sciences physiques et chimiques contribuent à l’objectif de connaitre l’histoire précise de la Terre, depuis son origine, en tous lieux du globe. Voici quelques exemples :
– On s’attache à utiliser des éléments chimiques radioactifs, renfermés en très petite quantité (uranium, carbone 14…) pour dater la formation de la roche.
– Les connaissances physiques du comportement des matériaux (minéraux et roches) dans les conditions profondes du globe (Rhéologie) permettent de comprendre la formation des roches métamorphiques, abondantes dans les Maures, de préciser leur histoire et les déplacements des plaques tectoniques qui leur ont donné naissance.
– L’analyse chimique très poussée (par spectromètre de rayons X) révèle des éléments chimiques et la composition de microminéraux porteurs d’information sur les conditions de formation.
En son temps, et avant l’utilisation de diverses technologies, le naturaliste scientifique Théodore Monod (1902-2000) qui a parcouru essentiellement les régions sahariennes, écrivait : « Les géologues sont souvent des poètes, ce qui n’a rien de paradoxal pour qui consent à réfléchir et entend bien ce qu’est la géologie. Ils sont certes en contact, chaque jour, avec des cailloux, des monceaux de cailloux, des tonnes de cailloux…
Rien de moins poétique, pensez-vous, rien de moins romanesque… Mais avez-vous songé à ce que proclament ces pierres, aux secrets qu’elles nous révèlent, à l’épopée qu’elles nous chantent ?
Toute l’histoire de notre vieille Terre… Et qui s’est penché sur ce gouffre n’en remontera pas indemne : le voici désormais mordu aux entrailles par le vertige du temps, par le mystère des origines. »
Au fil du temps, nous remonterons l’histoire du Massif des Maures.