L’arbre de vie : le figuier
Avril 2013 • par Denis HUIN, naturaliste, ornithologue
Le printemps est arrivé ! La nature se réveille et se pare de fleurs aux mille couleurs et senteurs pour attirer les insectes et assurer la production de nouveaux fruits. Pourtant, un arbre assez singulier ne portera pas de fleurs comme les autres arbres fruitiers : le figuier.
En réalité, la figue que nous connaissons tous et que nous prenons plaisir à déguster est un réceptacle de centaines de fleurs intérieures qui se transforment en graines selon un processus très singulier de fécondation. Chez le figuier, il existe les arbres mâles et les arbres femelles, qui sont parfois séparés de quelques centaines de mètres. À la fin de l’été, le figuier mâle, ou capri figuier, produit de minuscules figues appelées mammes, qu’il garde jusqu’à la fin de l’hiver. Celles-ci ne sont pas comestibles car elles contiennent les œufs de la guêpe blastophage, un minuscule insecte de 2mm de long, qui va assurer la pollinisation du figuier femelle. Au printemps, les œufs éclosent et les blastophages sont attirés par le pollen d’une deuxième génération de figues développée sur l’arbre mâle : les profichi. Les insectes les pénètrent par l’orifice situé à la base des figues pour y pondre et une seconde génération de blastophages naît à l’été. En sortant des profichi, les blastophages se couvrent de pollen et se dirigent alors vers les figuiers femelles – qui entre temps ont préparé leurs figues – pour les polliniser. Cela donne à l’automne des fruits délicats et savoureux à déguster. Certains blastophages retardataires n’ont pas le temps de pénétrer une figue du figuier femelle et s’introduisent dans les nouvelles mammes produites à l’automne. En pondant à l’intérieur, ils assurent la survie de leur espèce mais aussi celle du figuier, car la prochaine génération d’insectes permettra la pollinisation des figues des arbres femelles. C’est finalement une belle histoire d’amour entre le blastophage et le figuier qui se revit chaque année. Un amour cependant nourri par une dépendance mutuelle et à l’équilibre fragile, chacun ayant besoin de l’autre pour assurer sa survie. Sources : Le figuier, Conservatoire Botanique National de Porquerolles