(2/8) Le massif des Maures et son voisinage géologique diversifié
Juin 2016 • par Edith PLATELET
Lire l’introduction à la rubrique géologique
Un territoire naturel, comme celui des Maures, dépend des vicissitudes géologiques rencontrées au cours du temps. La surface actuelle du massif, (avec ses reliefs, ses diverses roches affleurantes, ses sols, sa végétation) ne suffit pas pour caractériser un espace naturel spécifique.
(Ce chapitre de la chronique nous entraine dans la réactualisation de concepts et données géologiques et scientifiques indispensables, comme pour les parutions à venir !)
Un exemple : on a longtemps parlé de « Provence cristalline » pour désigner les deux massifs varois : Maure set Esterel. Cette terminologie évoquait la présence de cristaux visibles à l’œil nu dans les roches rencontrées. On regroupait ces deux territoires naturels qui représentent en fait deux contextes géologiques bien différents dans la configuration de la Terre, en des temps différents espacés de centaines de millions d’années (l’unité géologique de temps est le million d’années).
Les Maures et toute région naturelle définie se caractérisent à toutes les échelles de l’espace : du microscopique aux centaines de km, en fonction de leur situation passée, dans le contexte du Globe, à différentes périodes. Si des éléments géologiques visibles à la surface (roches, fossiles, plis, failles, etc.) ont contribué à en connaitre les caractères, ce sont maintenant des études nouvelles et approfondies : sismiques, géophysiques diverses, géochimiques, pétrologiques, des profondeurs (grâce à des moyens technologiques sans cesse plus performants) qui révèlent et expliquent les « mystères » et spécificités de chaque région, y compris son aspect actuel. La « tectonique des plaques », discipline de la géologie, faisant appel à de nombreux paramètres scientifiques, établie, diffusée, sans cesse complétée depuis les années 1970, a totalement modifié la vision des entités naturelles du globe.
J’en reparlerai en explorant le massif… Et c’est à partir de ces connaissances que les limites et la distinction avec les proches régions varoises peut être établie.
Le massif des Maures et ses limites
– Au sud s’étend la Méditerranée, espace géologique le plus récent, juxtaposé au massif tel qu’il est au présent. La Méditerranée occidentale a commencé à se former il y a environ 30 millions années, en isolant au nord ce massif que nous connaissons, qui avait déjà plus de 300 millions d’années !
– Au nord, entourant et juxtaposée au massif de Hyères à Fréjus, s’étend la dépression permienne, appelée « Plaine des Maures » dans le secteur central du Luc, alors qu’il s’agit d’un espace naturel tout autre que celui des Maures. Cet espace, grande voie de communication actuelle en contrebas des Maures, présente des roches sédimentaires détritiques continentales, souvent rouges, d’une nature et d’un âge différents des roches des Maures. Il est souvent dit que ces roches proviennent de l’érosion du massif, en laissant penser au massif actuel… Comment un si petit espace actuel (environ 30 sur 80 km) aurait-il pu produire autant de matériaux détritiques, sur plus de 2000 m d’épaisseur, dans le bassin du Luc ? Ceci laisse envisager un contexte continental bien différent, bien établi, à savoir : un continent unique sur le globe : la Pangée, à une époque géologique appelée « Permien« , entre 290 et 250 millions d’années. En ces temps-là, le massif des Maures, que nous étudions, n’était déjà plus que le vestige abrasé d’un fragment d’une vaste chaine de montagnes antérieure, constituée de terrains retrouvés actuellement de la Mauritanie à l’Oural, et en Amérique du Nord (contexte de la tectonique des plaques, à suivre …)
– Au-delà de la dépression permienne :
– À l’ouest et au nord : des collines et vallons sédimentaires, souvent calcaires, hérités des sédiments d’un vaste océan antérieur à la Méditerranée : la Téthys.
– À l’est, s’étend le massif de l’Esterel. Des roches volcaniques y sont largement présentes et débordent au-delà, alors que les volcans, au sens d’appareils volcaniques construits en reliefs composites, sont rares : trois ! C’était un rift, une grande cassure dans l’écorce terrestre, et non un grand volcan (évènements liés à la tectonique des plaques).
– Plus loin, à l’ouest sur le littoral : voici le Cap Sicié, qui se rattache véritablement au massif des Maures. Il en a une constitution parfaitement analogue, et a traversé les mêmes péripéties géologiques !
La Terre évolue, son dynamisme est incessant tant dans les profondeurs qu’à la surface… les connaissances aussi…
Lire le chronique suivante : « Des plages des Maures aux multiples « trésors »