Le mimétisme (5/5)

Juin 2015 • par Denis HUIN, naturaliste, ornithologue

Le coin des naturalistesFlore

Suite aux quatre notes déjà rédigées sur le vaste sujet du mimétisme, voici la dernière, consacrée au mimétisme extraordinairement poussé de certaines plantes.

Mimétisme et orchidées.
D. HUIN
L’Ophrys miroir dans son milieu. La fleur est très petite,pas facile à voir pour un humain ! Cette orchidée est très rare en France et se rencontre principalement dans les départements méditerranéens.

Un sujet qui fait débat, qui suscite encore beaucoup d’interrogations et qui est source de polémiques entre nos grands penseurs modernes : peut-on vraiment prêter des intentions à une plante ? À vous de vous faire une idée !

Quand un insecte mime son environnement ou un autre insecte redoutable, passe encore ! Mais quand c’est une plante, une orchidée en l’occurrence, qui mime parfaitement un insecte pour son seul profit, avouez que c’est bluffant !

Les orchidées représentent une vaste famille botanique répartie dans un très grand nombre de pays. En France, le Var est réputé pour sa richesse en espèces variées, parfois rares, voire endémiques. Et parmi toutes ces espèces, il en est, les ophrys, qui peuvent être considérées comme les championnes du mimétisme.

La fleur des ophrys arbore un pétale original nommé labelle. Et chez l’Ophrys miroir, ce labelle imite à la perfection, vu par un insecte, les contours charmeurs de la femelle d’un petit hyménoptère (famille des guêpes et des abeilles) du doux nom de Dasyscolia ciliata.

Au centre, une partie brillante bleutée imite le reflet des ailes au repos. Des poils autour du labelle imitent la texture agréable de la femelle. Et pour parfaire le mime, la fleur émet les phéromones sexuelles de la femelle.

Mimétisme et orchidées.
Th. MENARD
Détail de la fleur. Remarquez les deux sacs de pollen,jaunes, bien visibles dans la partie haute de la fleur. Cette fleur n’a pas encore reçu la visite de Dasyscolia ciliata …
N. VERRECKEN
Un mâle Dasyscolia ciliata qui tente désespérément de s’accoupler avec un Ophrys miroir.

Le mâle tout affairé à rechercher sa dulcinée s’y laisse facilement tromper … et pendant qu’il cherche désespérément à copuler, deux petits sacs de pollen viennent se coller sur sa tête. Quand il comprend qu’il ne fera rien sur cette femelle sans sexe, il repart, alourdi des sacs de pollen … et se refait avoir un peu plus loin par une nouvelle fleur d’ophrys tout aussi attirante pour un mâle excité. C’est là qu’il déposera, à son insu, les deux sacs de pollen au cœur de la fleur.

Vous l’aurez compris, c’est par ce stratagème très élaboré que l’Ophrys miroir assure sa pollinisation et ainsi, sa reproduction.

Un stratagème basé sur un leurre sophistiqué, sans défaut, imparable. Un leurre destiné à tromper un mâle …

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