Le relief (1ère partie)
Juin 2010 • par Elisabeth SAUZE, archiviste paléographe
On ne s’étonnera pas de trouver, dans une région aussi montueuse que la nôtre, de nombreux toponymes consacrés à la description des reliefs. Rarement utilisé dans le parler local, le provençal mont = mont n’a donné naissance à aucun nom de lieu dans le territoire de la Garde-Freinet – dans le reste du Freinet, il n’a produit que deux toponymes, Montgros (attesté depuis 1676) et Montjean (depuis 1808) à la Môle. Quant au mot mountagno = montagne, il n’a servi localement que pour désigner les alpages de haute montagne, où l’on envoyait les troupeaux durant l’été, ou pour traduire en français les termes colo et serre couramment employés.
Colo (prononcé coualo) = colline se rencontre partout. A La Garde-Freinet, il a donné la Colle (1715, à l’est de Serre-Long), Colle-Dure (1715, sur la limite du Plan-de-la-Tour, avec l’adjectif duro = rude, à la fois aride et escarpée), la Coulle d’Avignon (1613, conservé dans l’appellation actuelle du col de Vignon, avec un second terme qui perpétue le souvenir de l’ancien oppidum, homonyme de la ville d’Avignon, perché sur le sommet de San-Peyre, au Plan-de-la-Tour, et signalé depuis le milieu du XIe siècle), la Colle du Loup (1715, près de Camp-Long).
Le provençal Serre désigne, comme l’espagnol sierra, une hauteur allongée. L’adjectif ajouté au toponyme Serre-Long (1613) est donc redondant. Les Gardois d’autrefois connaissaient aussi le Serre de la Bonbarde ou des Bonbardes (1715, entre Camp-Vif et les Sinières, avec le nom ou surnom d’un propriétaire), le Serre de l’Agrutier (1715, sur la limite du Plan-de-la-Tour, avec agrutié, agrioutié = cerisier sauvage), le Serre de Marquet (1815, au Nord de Lautourière, avec un nom de personne), le Serre du Loup (1715, près de Camp-Long). Ils avaient même créé le diminutif serrentoun pour désigner une petite hauteur au-dessus du quartier de l’Oratoire, le Serrenton de l’Oratoire (1715).