Le relief (2ème partie)

Août 2010 • par Elisabeth SAUZE, archiviste paléographe

Le coin des toponymistesRelief

Issu du latin podium, le provençal pué ou pié s’appliquait de préférence à une hauteur isolée. On trouve ainsi Pignegut (Pieyagut en 1613, Piagut en 1715, formé de pié et de l’adjectif agut = aigu, pointu ; la graphie Piragut du cadastre est aberrante) ; Peuyaut (1549, non localisé, avec l’adjectif aut = haut) ; Peygros (Pieygros en 1613, avec l’adjectif gros = gros); le Peis d’Estelle (1613, avec le provençal estelo = éclisse, éclat de bois). L’adjectif substantivé agut = pointe, sommet a servi à dénommer l’Aire de l’Agu (1715, large zone plate sur le sommet des Roches-Blanches). Lautourière (l’Auttorière en 1613) est dérivé du provençal autour = hauteur, bien que l’étymologie populaire y voie l’habitat de l‘oiseau de proie autour (en provençal astour). Le Brend (le Brenc en 1613, le Brenq en 1715 et 1813, sur la limite du Plan-de-la-Tour, entre la Lioure et Maraval) tire son nom du provençal bré, brenc = sommet de forme conique ou pyramidale. Cugullat (Cugulhat en 1549) a la même racine, avec un suffixe différent, que Cogolin Cucullinus en 1055) : le latin cucullus = capuchon, lui-même issu d’un terme beaucoup plus ancien, à sens oronymique, qui a donné, en Provence, leur nom à Plan-de-Cuques, Cuges et Cucuron ; dans le Freinet, le même radical se retrouve dans les lieux-dits Cuguyon, à Grimaud, et Cuguière, entre Ramatuelle et Gassin. La Moure (illa Mora en 1069) provient sans doute d’un doublon féminin du provençal mourre = museau, appliqué à la colline, aux formes vigoureuses, qui portait le village médiéval de ce nom, au sud du hameau actuel. L’ancien provençal utilisait aussi le mot su, suc = sommet, cime, qui a servi à dénommer le Seau de Raimon (le Suc d’Anrreymound en 1613, près du Camp de la Suyère, avec le nom d’un propriétaire) et le Suc de Marthre (1613, non localisé, également avec un nom de personne). Ce terme a été remplacé, dans l’usage local, par le mot testo = tête, origine des toponymes la Teste de Jaumar (1715, non localisé) et la Tête de Barbusse (1715, à l’est de Serre-Long), tous deux caractérisés par le nom de leur propriétaire. Certaines hauteurs ont pu être désignées par des mots ou des expressions qui expriment l’étendue du paysage qu’on découvre depuis leur sommet. C’est le cas de l’Amirauté (la Miraille, de l’ancien provençal mirailh = belvédère, lieu d’où l’on a une belle vue, à Cogolin) et de Beauregart (1715, une des collines qui dominent le hameau des Plaines). Miremer (= lieu d’où on voit la mer) ne porte ce nom que depuis le XVIIIe siècle ; on l’appelait auparavant, à cause du point de vue qu’il offre sur les vallées de la Giscle et de Refren jusqu’à la mer Miravaux (Miravals en 1174 et au moins jusqu’en 1613)

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