Le rougegorge familier

Décembre 2018 • par Andrea FERNANDEZ de la LPO PACA

Le coin des naturalistesOiseau

Laura MIRANTE

Alors que le début de l’automne pointe le bout de son nez, des sons crépitent dans les buissons. Les  » tic tic tic  » secs et répétés du rougegorge le trahissent et signent l’arrivée des migrateurs dans nos campagnes et nos villes. Rapidement, le petit passereau sort de sa cachette pour explorer les parterres du jardin.

Avec ses treize centimètres de taille, il n’est sans doute pas le plus grand des passereaux, mais il est sans doute le plus populaire d’entre eux. Se rapprochant des habitations ou même de l’être humain, le rougegorge est connu de tous. Son plastron orange bordé de gris, son gros œil noir adapté à la vie crépusculaire ou en sous-bois, son chant et ses attitudes territoriales sont caractéristiques.

Etonnamment familier, le rougegorge n’en est pas moins un passereau au caractère belliqueux et bagarreur. C’est une espèce territoriale par excellence, qui ne tolère aucun autre individu sur son espace hivernal ou de reproduction si ce n’est son partenaire. Il délimite ses quelques mètres carrés de son chant mélodieux et mélancolique, puis pourchassera sans pitié tout individu de son espèce ou d’espèces de taille et d’aspect similaires (rougequeues, gobemouches, etc.). La femelle chante elle aussi durant la mauvaise saison, afin de délimiter son bien hivernal.

Son habitat est principalement constitué de végétation basse, touffue dans les forêts fraîches avec un humus frais, recouvert de feuilles. En hiver, il s’installe aussi dans les parcs, les jardins, les taillis sous des latitudes où il trouvera la douceur, la fraîcheur et l’humidité qu’il affectionne.
Très répandu en Europe, on le trouve jusqu’à environ 2000 mètres d’altitude, les individus nordiques sont migrateurs alors que les oiseaux d’Europe de l’Ouest sont plutôt sédentaires. La migration débute dès la fin du mois d’août et de nombreux oiseaux en provenance de Finlande, du Danemark, de Suède et des pays de l’Est déferlent vers le pourtour méditerranéen pour y passer l’hiver. Un rougegorge familier suédois a d’ailleurs été retrouvé au Maroc, à plus de 3 500 kilomètres de distance de son lieu de naissance.
Le retour vers ces sites de reproduction a lieu dès mars. Une fois le couple formé, la femelle construit seule le nid dans lequel six œufs sont couvés pendant une quinzaine de jours. Les poussins sont élevés durant le même laps de temps. Le nid est situé généralement sous une souche déracinée, une grosse touffe de fougère ou un tas de branches mortes.
De nombreuses menaces pèsent sur les voies migratoires des rougegorges. Outre le pénible et périlleux trajet, les causes naturelles les plus fréquentes de mortalité sont le gel qui fige le sol et l’empêche de trouver sa nourriture ou bien le redoutable Epervier d’Europe. Les causes anthropiques sont aussi malheureusement légions, telles que les chats domestiques qui déciment les migrateurs dans les jardins, le braconnage par assommoir pratique provençal d’un autre temps ou, les gluaux, mode de chasse non sélectif fatals pour ce petit passereau fragile et protégé par la loi.


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