Les cours d’eau (1re partie)
Mars 2010 • par Elisabeth SAUZE, archiviste paléographe
Les multiples petits cours d’eau qui descendent des collines sont aujourd’hui communément désignés par les mots français ruisseau, torrent, ravin, vallon. Le provençal d’autrefois utilisait plus volontiers le terme valat (= fossé, vallon), dont les cadastres d’Ancien Régime (XVIIe et XVIIIe siècles) offrent d’innombrables exemples. Avant la vulgarisation de ce mot, le provençal avait à sa disposition plusieurs autres vocables qui ont servi à former des toponymes.
Le plus ancien dérive directement du latin rivus = ruisseau, prototype du vieux français ru et du provençal rièu ou riou. Les deux principaux cours d’eau de la Garde-Freinet lui doivent leur nom :
Refren, quartier au sud du village, conserve l’ancien nom du torrent aujourd’hui appelé la Garde, qui rejoint la mer à Grimaud. Les mentions successives dans les documents écrits montrent l’évolution phonétique du composé de rivus = ruisseau et frigidus = froid, qui n’est aujourd’hui plus compris : Rivum frigidum en 1058, et 1175, Riffren en 1401, Rieu Fren en 1431, Rieu Frech en 1445, Ruffren, Reffren en 1613, Rioufred en 1637, Rafren en 1715, Riauffret en 1753, Refren en 1815.
Dérivé de rieu, le provençal rial, riau (latin rivus + suffixe –ale) a servi à dénommer, depuis 1613 au moins, le torrent des Neuf-Riaux, qui descend au nord du village pour rejoindre l’Aille vers la limite du Cannet-des-Maures. Il ne faut pas chercher à attribuer au chiffre neuf qui forme le premier terme du composé une exactitude rigoureuse, il exprime seulement la perception qu’avaient les anciens de ce torrent comme la réunion d’une quantité de ruisseaux d’importance à peu près égale issus du versant nord du massif dans ce quartier jadis peu fréquenté (avant la création, au XXe siècle, de l’actuelle route départementale) en raison de son exposition froide et de la raideur de ses pentes.
On trouvait aussi en 1715 le Rial de Traille, Rial de Treilhe en 1613, Rial de Treille en 1588, affluent du torrent des Neuf-Riaux sur le versant sud de Peigros, dont le second élément, sans article, fait probablement allusion plutôt au sobriquet d’un ancien propriétaire qu’à une treille de vigne.
Le provençal rai = jet ou filet d’eau a donné deux noms de lieu : le Rayet (diminutif avac suffixe –et), mentionné en 1613, vers Camp-Long, et le Raiol (diminutif avec suffixe –ol), en 1613 et 1715, près de la route de Grimaud.