Les épidémies dans le golfe de Saint-Tropez (1/3)
Juillet 2021 • par Bernard ROMAGNAN, vice-président du Conservatoire
Une des premières épidémies historiques de peste connue, appelée la peste de Justinien, sévit dans tout le bassin méditerranéen de 541 à 767 après J.-C., avec un pic à la fin du VIe siècle. Elle aurait décimé 1/3 ou la moitié de la population en Occident et affecta particulièrement la Provence. Nous disposons du célèbre témoignage de Grégoire de Tours qui nous rapporte que cette maladie toucha Arles en 549, amenée par les bateaux de commerce qui remontaient le Rhône. En 588, les évêques d’Arles et de Vence décédèrent de cette maladie. En 591, l’évêque de Marseille se réfugia dans l’abbaye Saint-Victor pour s’en protéger.
Peut-on savoir si cette pandémie a touché les populations de notre région ? La question mérite d’être posée car, d’origine asiatique et à partir de l’Égypte, elle s’est diffusée essentiellement par les voies maritimes et les fleuves côtiers. Mais, dans notre région, les sites archéologiques de cette période sont assez rares. À ce jour aucun témoignage concret n’a pu mettre en évidence la présence de ce fléau, mais nous pouvons espérer que les progrès de la recherche et des techniques archéologiques permettront, dans le futur, de trouver des preuves tangibles de cette épidémie dans le golfe de Saint-Tropez.
La peste noire
La célèbre pandémie médiévale dite, Peste noire, partie d’Asie centrale ou de la mer Noire, se propagea de 1347 à 1352 à partir de la route de la soie. De l’Europe et jusqu’au Groenland, des plaines inhabitées de la Russie, au sud jusqu’en Afrique du nord et subsaharienne, elle décima 30 à 50 % de la population. En Provence, partie de Marseille en novembre 1347, elle atteignit Avignon en janvier 1348. Les nombreux fidèles présents dans la cité papale, diffusèrent largement l’infection dans toute la Provence et au-delà. Mais qu’en est-il des terroirs médiévaux qui composent aujourd’hui les villes de la communauté de communes du golfe de Saint-Tropez ? La médiéviste Elisabeth Sauze estime que Grimaud, Ramatuelle et Gassin ont alors perdu plus de 60% de leurs habitants. Les Garcinières, la bastide de Sainte-Maxime, La Mole et Saint-Tropez devinrent des terroirs désertés. Cogolin et La Garde-Freinet, probablement moins touchés par l’épidémie, tirèrent leur épingle du jeu avec un léger accroissement de population. Ce phénomène s‘explique par le déménagement des quelques habitants restants des villages abandonnés qui préférèrent habiter dans des lieux plus sûrs.
Remarquons que le village des Garcinières fut définitivement abandonné. La Mole ne s‘agrandit qu’à partir de la deuxième moitié du XXe siècle. Sainte-Maxime prospéra à la fin du XVIIIe siècle à partir de l’installation, au bord de la mer, de l’embryon du village actuel. Enfin, Saint-Tropez, repeuplé pour des raisons stratégiques en 1470 par des colons génois, fut une remarquable réussite : la population atteignit près de 4 000 habitants dès la fin du XVIe siècle.
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