Les noms de lieux liés à la faune
Juin 2011 • par Elisabeth SAUZE, archiviste paléographe
La faune est beaucoup moins bien représentée dans la toponymie locale que la flore (voir les lettres précédentes) – sans doute à cause de sa mobilité, qui la rend moins apte à caractériser un lieu. Il en apparaît cependant quelques éléments, plus représentatifs de l’intérêt (gibier) ou de la crainte (nuisibles) qu’ils pouvaient susciter chez les paysans que de l’état réel du peuplement animal. Celui-ci a subi des changements assez importants depuis environ deux siècles avec la disparition de plusieurs mammifères (en particulier le loup et le lapin) et la raréfaction de nombreuses autres espèces. Il faut enfin noter que les toponymes évoquent plusieurs de ces animaux davantage comme des symboles de la sauvagerie et de la difficulté d’accès des lieux que comme des habitants réels des quartiers qu’ils désignent.
Les mammifères :
Particulièrement redouté, le loup a laissé son nom à la Colle du Loup (1715, aux environs de Camp-Long), le Saut du Loup (1715, sur l’un des versants de Colle Dure) et le Serre du Loup (1715, colline à l’ouest de Camp-Long), trois quartiers particulièrement éloignés des habitations.
Le renard (1815, versant inculte entre Val Verdun et la Court) et la Rainarde (1715, dans le quartier de Pourcaresse) pourraient être des noms de propriétaires, mais le patronyme n’est pas attesté à la Garde-Freinet et la situation écartée des lieux fait pencher en faveur du nom de l’animal.
Le sanglier, trop répandu, n’apparaît pas.
Le Bramadou (1715, au dessus du Verger d’Icard), dérivé du provençal brama = bramer, désigne un lieu où l’on entend bramer le cerf. La Statistique du Var de 1805 mentionne la présence de cervidés dans les Maures à cette date.