Les noms de lieux liés à l’habitat (3/3) : les ruines

Avril 2012 • par Elisabeth SAUZE, archiviste paléographe

Le coin des toponymistesHabitat

Quelques toponymes évoquent encore des ruines. Le terme le plus usité, le provençal casal ou casau (formes influencées par le français, avec maintien de –s- intervocalique, alors que la forme dialectale, rencontrée dans les documents des XVe et XVIe siècle, est cal ou calhal) a commencé par désigner, au début du Moyen-âge, l’habitation paysanne, version à peine améliorée de la cabane, avec des murs en maçonnerie légère ou en pierre sèche et un toit couvert de liège ou de chaume. A partir du XIIIe siècle, les progrès de l’art du bâtiment même dans les plus petits villages ont peu à peu dévalorisé ce type de construction et le mot a fini par devenir l’équivalent de  » ruine « . Ce terme n’est plus compris aujourd’hui et les toponymes qui l’utilisaient sont sortis de l’usage : los Casals à Gassin (1443, non localisé) ; les Casaulx à Sainte-Maxime (1566, à l’emplacement de la ville actuelle) ; lo Casal de Autrano à Gassin (1516, au bord du chemin de la Môle) ; lo Casal de Caravilha à Gassin (1516, près du village) ; lo Casal de la Gastoa à Gassin (1516, au bord du chemin de Saint-Tropez) ; le Casal de Verre à la Garde-Freinet (1715, au quartier de Rousset).

Deux attestations du provençal anticaio = vieillerie, ruine se rencontrent à la Môle, l’Anticail (1756, sur les confins de Cogolin, entre les Figarets et le Pommier), et à Gassin, l’Antigalho del Gorc Benet (1516, au quartier de Gourbenet).
Les Fondudes à Ramatuelle (1548, entre le Fond du Plan et les Tournels) a été formé à partir de l’adjectif et participe passé foundu = démoli, ruiné.
Les Mûres à Grimaud (Saint-Pons-les-Mûres) n’a pas de rapport avec les fruits homonymes, mais avec le provençal muro = murs en ruine, vestiges d’anciennes constructions. Le quartier est, en effet, riche en vestiges antiques et médiévaux (ancienne chapelle et ancien port de Grimaud).
Le provençal paret, équivalent du français  » paroi « , signale sans doute aussi des ruines dans les noms de les Pares à Ramatuelle (1680, au quartier des Pradugues) et de Pâris à Gassin (les Pares en 1691, forme et prononciation refaites sur le nom de personne mythologique Pâris).
Les Ruines à la Croix-Valmer (1935) est une appellation française et récente appliquée aux restes d’une ancienne caserne de douane construite sur les ruines d’une villa antique.

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