Les noms de lieux liés à l’habitat Partie II : l’habitat dispersé
Décembre 2011 • par Elisabeth SAUZE, archiviste paléographe
Abondant durant l’Antiquité, l’habitat dispersé n’a pas totalement disparu au Moyen-âge : quelques vestiges discrets et de rares mentions dans les sources écrites attestent à la fois son existence et sa modestie. Le terme alors utilisé pour désigner les plus importants de ces habitats, le provençal salo ou français » salle » a vu par la suite son sens restreint à celui de » pièce d’habitation « , mais il s’appliquait initialement à des bâtiments d’une importance certaine. La toponymie du Freinet en conserve quatre exemples : Notre-Dame des Salles, à Cogolin (la Sala de Fraxinito ou Sala Gontranni en 1055, las Salas en 1436), abrite les vestiges d’une chapelle avec un cimetière et d’un habitat de l’Antiquité tardive et du haut Moyen-âge. Un quartier de las Saletas est signalé vers 1480 à Saint-Tropez (au quartier de Vermenos). On trouve encore les Salettes à Grimaud (Saleta en 1175) et les Sellettes à Ramatuelle (Saletas en 1404) deux quartiers où ont été trouvés des vestiges antiques.
Après l’éclipse totale provoquée par l’insécurité et la crise démographique et économique entre le milieu du XIVe et le milieu du XVe siècle, cette forme d’habitat a connu un important développement, relayé depuis le milieu du XXe siècle par l’essor du tourisme estival.
Il y avait jadis plusieurs types d’habitations rurales : les unes temporaires, destinées à servir d’abri aux villageois qui avaient à cultiver des terres trop éloignées de leur domicile ; les autres permanentes, centres d’exploitations agricoles généralement compactes. Les unes et les autres apparaissent en toponymie avec une fréquence relativement faible. La plupart, en effet, ont été désignées par le nom de leur propriétaire ou par le nom du quartier où elles se trouvaient.
Le terme le plus usité dans l’ensemble de la Provence – hormis la région d’Arles où l’on emploie plutôt le mot mas – pour désigner une habitation isolée, simple ferme ou demeure aristocratique assortie d’une exploitation agricole, est le provençal bastido. On a vu plus haut le sens primitif de ce mot, dont l’évolution sémantique est contemporaine de la multiplication, à partir du XVIe siècle, des habitats dispersés. Les bastides sont, le plus souvent, caractérisées par un adjectif : la Bastide Blanche à la Croix-Valmer (carte IGN), la Bastide Neuve à la Môle (1714) et au Plan-de-la-Tour (1937), la Grande Bastide à Cogolin (carte IGN, anciennement le Colombier) et à Gassin (1935, près de Bertaud). Quelques-unes portent le nom de leur propriétaire : Bastide Christol à La Garde-Freinet (carte IGN), Bastide des Pérons à Sainte-Maxime (1706, au quartier de la Nartelle), Bastide Magnan et Bastide Médoc (carte IGN) au Plan-de-la-Tour. La Bastide du Plantier, à la Garde-Freinet (carte IGN), a reçu son nom de la plantation de vigne voisine
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