Les terrains humides
Mai 2010 • par Elisabeth SAUZE, archiviste paléographe
L’eau, ce bien précieux entre tous sous le climat méditerranéen, occupe dans la toponymie une place de choix. Nous avons vu précédemment les sources et les cours d’eau. En l’absence de lacs et d’étangs naturels – ceux qui existent aujourd’hui sont des aménagements récents et n’ont pas donné lieu à des appellations traditionnelles –, la toponymie signale des terrains humides.
A défaut de véritables marécages (provençal palu ou palun), décidément absents dans ce territoire montueux au sous-sol rocailleux et sablonneux, quelques bas-fonds où des nappes d’argile retiennent temporairement un peu d’humidité propice à la poussée de l’herbe sont signalés par l’appellatif provençal moulièro, dérivé de l’adjectif mol ou mou. La Moulière, au quartier de la Court, et les Moulières, dans le quartier des Cabrettes, la Moulière Longue, également aux Cabrettes, et son homonyme, vers le Camp de la Suyère, tous employés dans le cadastre de 1715, paraissent être sortis de l’usage. Mais on connaît encore les Mouliérettes, près de la Moure (ley Mouleirettos en 1613, les Mouleiretes en 1715).
On a beaucoup utilisé aussi un autre dérivé de l’adjectif mol, le mot moulestre. Absent des dictionnaires et sorti de l’usage local, ce terme avait sans doute un sens plus péjoratif que le précédent. Les Gardois de 1613 connaissaient le Moulestre Aiglier, au quartier de Camp-Vif, et lou Moulestre de Vallette, dans le vallon de Vanadal ; ceux de 1715 connaissaient le Moulestre de l’Aubre, non localisé, le Moulestre d’Erbe Blanque, au vallon des Neuf-Riaux, et le Moulestre de Perrin, au quartier de Serre-Long.