L’histoire d’un monument : le buste de la République devant la mairie de La Garde-Freinet
Mars 2018 • par Albert GIRAUD, membre du conseil d'administration du Conservatoire
Le goût des célébrations n’est pas chose récente : en 1889, puisque le régime républicain paraissait solidement installé, nombre de municipalités » rouges » songèrent à commémorer et même à exalter le centenaire de la Révolution française. À La Garde-Freinet on y avait un motif supplémentaire puisque le maire en exercice était Léon Lonjon, un ancien insurgé de 51 qui avait connu la déportation en Algérie.
Pour un village de cette taille concevoir un monument à la gloire de la République n’était pas chose facile. On se tourna donc vers une entreprise spécialisée dans les monuments commémoratifs, la fonderie Gasne à Tusey dans la Meuse. Ce fabricant de » fontes d’art » qui avait bien compris l’opportunité offerte par cet anniversaire, proposait sur catalogue toute une gamme de monuments de taille et évidemment de prix différents.
Leur particularité, très moderne, était d’être livrés en » kit » comme on dirait aujourd’hui. Sauf la base qu’il fallait bâtir sur place, tous les éléments métalliques étaient peints et emballés, acheminés en train et en voiture à cheval, et » prêts à poser « , ne demandant plus qu’à être boulonnés les uns aux autres. La Garde-Freinet commanda le n° 1, le plus simple. Le piédestal porte l’inscription » A la gloire de la République « , tandis que les deux cotés ne portent que de simples dates, celles de l’année 1789 sur un côté et celles de l’année 1792 sur l’autre. Comme elles ont souvent suscité des interrogations nous allons en donner l’explication.
1789 . 5 mai : ouverture des états-généraux – 20 juin : serment du jeu de paume – 14 juillet : prise de la Bastille. 1792 . 10 août : prise des Tuileries – 21 septembre : abolition de la royauté.
Pourquoi ces dates-là parmi tant d’événements révolutionnaires ? Il faut comprendre qu’elles ont été choisies pour montrer que l’avènement de la République était un processus connaissant des étapes décisives mais aboutissant à un résultat inéluctable. C’était bien ce que voulaient exprimer les responsables politiques en 1889.
Vidauban, déjà plus riche à l’époque, opta pour le modèle n°5, avec sa fontaine aux lions et sa statue en pied, toujours en place aujourd’hui. Mais tous ces monuments témoignent de la part du pouvoir en place de sa volonté d’occuper solidement l’espace public et de faire oeuvre pédagogique.
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