L’histoire d’un objet : le numéro 162

Octobre 2017 • par Albert GIRAUD, membre du conseil d'administration du Conservatoire

Chronique historiqueHistoire d'un objet

A. GIRAUD

Acheté pour deux euros dans un vide-grenier, ce petit cadre mouluré (12 x 19 cm) contient un morceau de papier sur lequel est inscrit le numéro 162. Tout porte à croire qu’il s’agit d’un témoignage du fameux tirage au sort qui, de 1818 à 1905 a servi à déterminer le « contingent » qui devait être appelé sous les drapeaux.

On sait que depuis la loi Gouvion-Saint-Cyr, d’une incroyable injustice, le gouvernement fixait annuellement le nombre de soldats jugé nécessaire et en répartissait le chiffre par canton. Là, un conseil de révision, après avoir fait tirer au sort les conscrits et éliminer les inaptes, déclarait les jeunes gens bons pour le service jusqu’à atteindre le chiffre fixé. Le service était alors de six ans… La loi permettait certes aux malchanceux de se faire remplacer ou de prendre une assurance contre le mauvais sort, mais ces formules coûteuses ne convenaient qu’à des familles aisées.
On ne sait dans quel canton a été tiré ce numéro qui date sans doute des années 1830-1850, mais le chiffre élevé semble indiquer qu’il est un des derniers de la liste – le pourcentage des « appelés » allant de 35 à 55 % selon les années.

En revanche, il est facile de comprendre pourquoi ce numéro, évidemment favorable, a été conservé et encadré. C’est très certainement un ex-voto qui fut déposé dans une chapelle pour manifester la reconnaissance d’une famille ayant vu ses prières exaucées, et qui a été volé ou jeté par la suite.

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