Sacrilège à la chapelle Sainte-Anne de Saint-Tropez

Novembre 2022 • par Bernard ROMAGNAN, vice-président du Conservatoire

Chronique historiqueHistoire locale

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Histoire de la chapelle

La construction de la chapelle Sainte-Anne de Saint-Tropez est née de la volonté d’un bourgeois : le capitaine Barthélemy Aubert. En 1616, Il obtint de l’évêque de Fréjus, Barthélemy de Camelin, l’autorisation d’édifier une chapelle sur un terrain offert par cet ancien marin, sur le mont Pecouillet ou Pécoulet.

La chapelle fut, dans un premier temps, fondée sur le nom de Sainte-Croix mais, finalement, on lui préféra celui de Sainte-Anne vocable probablement plus au goût du jour. Rappelons que cette sainte est, dans la religion catholique, la mère de la Vierge-Marie. Son culte est de tradition provençale depuis le Moyen Age.

Un démarrage des travaux difficile

Barthélémy Aubert rencontra quelques difficultés pour financer son projet. D’abord, Charles Antiboul, prieur-curé, lui mit les bâtons dans les roues en l’empêchant d’organiser des quêtes dans l’église paroissiale au profit de la chapelle. En avril 1618, Barthélémy Aubert obtint une autorisation formelle de l’évêque. Ensuite et surtout, le fondateur n’avait pas choisi le bon moment pour une telle entreprise. En 1617, les édiles tropéziens vont enfin voir l’installation d’un couvent de Capucins dans leur ville. L’évènement est d’une grande importance et tous les dons testamentaires, quêtes et autres financements pieux, sont donnés au profit du nouveau couvent par les fidèles.

Après que l’engouement suscité par l’établissement des moines capucins dans notre ville se soit calmé, les donations ont très vite convergé vers la chapelle Sainte-Anne. La construction commencée vers 1618 dura probablement plusieurs années.

Le sacrilège

C’était alors une chapelle toute simple avec une nef et un chœur, sans chapelles latérales, ermitage, ni porche. Mais en juin 1628, le conseil de la communauté se réunit en urgence par l’annonce d’un sacrilège. L’émotion est palpable : on parle de vols dans la campagne, mais surtout à « la vénérable chapelle Sainte-Anne ». On a brisé la porte, le mur. On y a pris des objets liturgiques, cassé l’autel, brisé un coffre, forcé un tronc dont on a volé les aumônes. Ces méfaits sont d’une extrême gravité. C’est un crime de lèse-majesté, c’est-à-dire contre la Majesté de Dieu, qui peut être passible des galères ou du dernier supplice.

Dans ce cas, les condamnés devront faire amende honorable, tête nue, à genoux, en chemise, la corde au cou, tenant entre les mains une torche ardente, déclarer à haute et intelligible voix leur forfait avant d’être pendu ou étranglé, puis brûlé et leurs cendres jetées au vent. Les consuls tropéziens demandent que l’on porte plainte. De plus, l’assemblée fait même appel à l’autorité de madame de Saint-Tropez, l’épouse du seigneur du lieu. Puis, les recteurs de la chapelle Sainte-Anne rapportent que des manches de chemises ont été faites avec les nappes de la chapelle. On soupçonne même plusieurs femmes « paillardes et maquerelles » accusées d’avoir perpétré ces vols.

Malheureusement les textes ne nous disent pas si les responsables de ce sacrilège ont été trouvés et si justice a pu être rendue. Cet évènement demeure, pourtant, un triste épisode de l’histoire de la chapelle Sainte-Anne.

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